L’objet de la psychanalyse – compte rendu – Le séminaire de cette année s’est occupé, suivant sa ligne, de la fonction longtemps repérée dans l’expérience psychanalytique au titre de la relation dite d’objet. On y professe qu’elle domine pour le sujet analysable sa relation au réel, et l’objet oral ou anal y sont promus, aux dépens d’autres, dont le statut pourtant manifeste, y demeure incertain. C’est que si les premiers reposent directement sur la relation de la demande, bien propice à l’intervention corrective, les autres exigent une théorie plus complexe, puisque n’y peut être méconnue une division du sujet, impossible à réduire par les seuls efforts de la bonne intention : étant la division même dont se supporte le désir. Ces autres objets, nommément le regard et la voix (si nous laissons à venir l’objet en jeu dans la castration), font corps avec cette division du sujet et en présentifient dans le champ même du perçu la partie élidée comme proprement libidinale. Comme tels, ils font reculer l’appréciation de la pratique, qu’intimide leur recouvrement par la relation spéculaire, avec les identifications du moi qu’on y veut respecter. Ce rappel suffit à motiver que nous ayons insisté de préférence sur la pulsion scopique et sur son objet immanent : le regard. Nous avons donné la topologie qui permet de rétablir la présence du percipiens lui-même dans le champ où il est pourtant perceptible, quand il ne l’est même que trop dans les effets de la pulsion (exhibition et voyeurisme). Cette topologie qui s’inscrit dans la géométrie projective et les surfaces de l’analysis situs, n’est pas à prendre comme il en est des modèles optiques chez Freud, au rang de métaphore, mais bien pour représenter la structure elle-même. Elle rend compte de l’impureté du perceptum scopique, en retrouvant ce que nous avions cru pouvoir indiquer de la présence du percipiens, irrécusable de la marque qu’elle emporte du signifiant, quand elle se montre monnayée dans le phénomène jamais conçu de la voix psychotique. L’exigence absolue, en ces deux points, d’une théorie du désir nous reporte à la rectification des fléchissements de la pratique, à l’autocritique nécessaire de la position de l’analyste, qui va aux risques attachés à sa propre subjectivation, s’il veut répondre honnêtement fût-ce seulement à la demande.
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